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Gulliver ligot�

Un point de vue historique sur la situation militaire en Irak

par le chef de bataillon Michel Goya

 

www.globalresearch.ca 27 ao�t 2003

Le URL de cet article est: http://globalresearch.ca/articles/GOY308A.html


Le harc�lement quotidien des forces am�ricaines en Irak depuis le mois de mai 2003 fait in�vitablement resurgir le fant�me du Vi�t-Nam. L�objet de cet article est d��tudier la validit� d�une telle analogie historique.

Au Sud-Vi�t-Nam, l�ennemi �tait constitu� par une gu�rilla communiste (Vi�t-Cong), structur�e, motiv�e, b�n�ficiant de l�exp�rience de la lutte contre les Fran�ais et d�un milieu physique favorable. Le Vi�t-Cong �tait soutenu par la R�publique d�mocratique du Vi�t-Nam (RDV), elle-m�me aid�e par le reste du monde communiste. Le lien entre la RDV et le Vi�t-Cong passait par la piste Ho Chi Minh et ses sanctuaires le long de la fronti�re avec le Laos et le Cambodge. L�emploi des forces s�inscrivait dans le cadre clair de la doctrine de la guerre prolong�e. Pour la gu�rilla, l�instrument premier de la victoire �tait le peuple. Le contr�le de celui-ci fournissait des ressources qui permettaient, en retour, un accroissement de la zone de contr�le. Parvenues � une taille critique, les forces pouvaient entreprendre des actions de plus en plus grande ampleur, souvent en liaison avec des unit�s r�guli�res Nord-Vietnamiennes. Le deuxi�me but de la gu�rilla �tait l�usure de la volont� politique des �tats-Unis et de la R�publique du (Sud) Vi�t-Nam. Pour cela, toutes les actions militaires �taient subordonn�es � une strat�gie psycho-politique. Les communistes compensaient ainsi une asym�trie militaire tr�s d�favorable par une asym�trie psychologique nettement en leur faveur.

Apparemment, une gu�rilla aussi puissante et structur�e n�existe pas encore en Irak. Il est probable que l�on assiste plut�t � la formation, sur le mod�le palestinien, d�une hydre regroupant anciens Baassistes, fid�les de Saddam Hussein, islamistes proches d�Al Qa�da ou non, chi�ites, tribus, m�contents et nationalistes de tous bords, etc. Cette constellation d�organisations, parfois ennemies entre elles, b�n�ficie d�une tradition guerri�re (bien plus forte que celle des Vietnamiens, � l�origine) et de la diss�mination de centaines de milliers d�armes l�g�res. Elle dispose certainement de bases dans le monde islamique environnant et de soutiens dans les �tats voisins (Syrie, Iran, mais peut-�tre aussi en Arabie Saoudite, voire en Turquie). Cette hydre poss�de trop de t�tes pour �tre abattue d�un seul coup, mais, en revanche, elle est incapable de mener des actions conventionnelles de grande ampleur. Il est infiniment peu probable que les �tats voisins engagent leurs unit�s r�guli�res, sous peine de terribles repr�sailles, et il manque la jungle montagneuse pour cacher des forces importantes.

L�hydre n�est donc pas le Vi�t-Cong, mais, en employant les modes d�action traditionnels dans la r�gion (harc�lement, attentats suicide, d�tournements d�avions, etc.), elle constitue une menace terrible pour l�Am�rique. La r�gularit� du harc�lement � l�encontre des troupes am�ricaines, et surtout la violence croissante des actions (attentats contre l�ambassade de Jordanie le 7 ao�t et contre le si�ge de l�ONU le 19 ao�t) indiquent d�j� une strat�gie d�occupation de l�espace m�diatique, d�usure morale des forces am�ricaines, de dissuasion vis-�-vis des nations qui pourrait �tre tent�es d�envoyer des troupes et de sape du nouveau pouvoir. Parall�lement � ces actions visibles, il existe certainement un travail de prise en main de la population (peut-�tre pr�alablement organis�e par le parti Baas ou le clerg� chi�ite).

Face � l�hydre, il est fortement probable que les Am�ricains agiront comme ils l�ont toujours fait, c�est-�-dire par une approche quantitative, industrielle, en privil�giant les solutions technologiques et l�application de proc�dures strictes. Pour les Am�ricains, l�art de la guerre consiste � g�rer rationnellement des ressources mat�rielles (essentiellement une �norme puissance de feu) pour obtenir des r�sultats. Les inputs �tant essentiellement quantitatifs (tonnages de bombes, nombre de sorties a�riennes, etc.), les outputs le sont �galement (comme le body count � comptage des cadavres � au Vietnam). Les Am�ricains excellent donc dans les � campagnes � (campagnes a�riennes contre l�Allemagne et le Japon, campagne de destruction de la marine marchande japonaise par les sous-marins, bataille de l�Atlantique, mais aussi pont a�rien de Berlin (1948) ou conqu�te de la Lune (1962-1969)), mais peinent lorsque les r�sultats � obtenir ne sont pas aussi clairs que les bilans trimestriels d�une entreprise (soutien � la Chine nationaliste, Vietnam, Beyrouth, Somalie, Ha�ti, lutte contre Al Qa�da, lutte contre les trafics de drogues, etc.).

Ce sch�ma � manag�rial � est, pour employer un terme �conomique, tr�s � in�lastique �, c�est-�-dire qu�il est tr�s difficile d�en sortir car il est profond�ment ancr� dans la soci�t� am�ricaine et surtout parce qu�il est g�n�ralement efficace. Ainsi, m�me le bouillonnement intellectuel des ann�es 1970, qui a donn� naissance � la doctrine de l�Airland Battle, tr�s inspir�e des m�thodes isra�liennes et allemandes, n�a pas fondamentalement chang� les choses. Malgr� l�insistance des r�glements sur l�initiative, les sch�mas tactiques sont rest�s aussi rigides. Il est vrai que l�arm�e am�ricaine n�a pas eu � affronter l�arm�e sovi�tique, face � laquelle l�application de ces nouveaux principes auraient eu un sens, mais des adversaires beaucoup plus faibles contre lesquels les sch�mas traditionnels s�av�r�rent apparemment plus s�rs. Les deux guerres contre l�Irak s�inscrivent ainsi dans ce concept de guerre industrielle et m�thodique (m�thodique n��tant pas forc�ment synonyme de lent). Pour bousculer ce sch�ma, il faut des personnalit�s originales et un blocage tactique (perc�e de l�arm�e Patton en Normandie (1944), d�barquement d�Inchon (1950) par Mac-Arthur).

Actuellement, les personnalit�s existent sans doute, mais elles n�ont aucune raison de s�exprimer. La menace est r�elle, mais encore rampante. En faisant un d�compte macabre, on s�aper�oit que, depuis mai 2003, les pertes am�ricaines s��tablissent � deux ou trois morts par jour. Par comparaison, les pertes au Viet-Nam ont �t� de 25 morts par jour pendant sept ans (1965-1972) et 60 meurtres sont commis quotidiennement sur le territoire am�ricain. Il faut noter que les G.I.s et Marines sont bien mieux prot�g�s individuellement qu�ils ne l��taient au Viet-Nam. Avec les moyens de l��poque, les pertes en Irak seraient au moins le double de ce qu�elles sont mais, m�me ainsi, elles resteraient tr�s en-de�� des pertes au Viet-Nam. La r�sistance morale am�ricaine, raidie par le 11 septembre, est donc encore tr�s loin d��tre atteinte.

Paradoxalement, cette gu�rilla rampante offre aussi des avantages pour l�hydre. On reste en-dessous du seuil psychologique qui entra�nerait des innovations radicales dans le syst�me am�ricain tout en occupant quotidiennement les m�dias et en pr�servant ses propres forces. Pour �viter le risque d�une accoutumance et d�cr�dibiliser les � occupants �, des attentats spectaculaires (7 et 19 ao�t) sont organis�s. Ils permettent en outre de poursuivre d�autres objectifs : ch�tier un � tra�tre � (la Jordanie) et dissuader les autres nations d�intervenir (ONU).

Face � cette situation, quelles sont les options offertes � l�arm�e am�ricaine :

  1. Ne rien faire

Dans ce cas, les Am�ricains escompteraient un apaisement par le r�tablissement progressif de la situation macro-�conomique ainsi que la mise en place d�un r�gime d�mocratique et efficace. Ils limiteraient jusque-l� leurs interventions � l�emploi du bin�me forces sp�ciales/frappes a�riennes pour maintenir les pertes et les dommages collat�raux dans des limites acceptables avant de se retirer.

Cette option est de moins en moins vraisemblable. La situation �conomique tarde � se r�tablir, en partie d�ailleurs du fait de la gu�rilla (sabotage de l�ol�oduc acheminant le brut vers le terminal turc de Ceyhan). Les attentats spectaculaires sont des camouflets, et l�occasion est trop bonne de frapper des r�seaux li�s par d�finition � Al-Qa�da. Cette attitude n�est pas non plus conforme au volontarisme affich� de l�administration Bush et traditionnel dans l�arm�e am�ricaine. Il est donc probable que celle-ci va �tre entra�n�e dans une campagne de contre-gu�rilla beaucoup plus active.

2- L�Irak, un Khe Sanh g�ant

En apparence, la situation actuelle pr�sente au moins un avantage. Les 139 000 soldats am�ricains en Irak font office d�aimant pour les � bandits islamiques � du monde entier. L�Irak tend � devenir un grand � camp retranch� � autour duquel de nombreux officiers am�ricains envisagent de massacrer les � bandits �, comme ils le firent des divisions nord-vietnamiennes autour du camp de Khe Sanh, en 1968. Il s�agit en quelque sorte, � une grande �chelle, de la strat�gie fran�aise des bases a�roterrestres en Indochine, destin�es � attirer � soi un adversaire insaisissable autrement. Cette strat�gie pr�sente aussi, semble-t-il, l�avantage d��loigner les malfaisants du sol am�ricain. Dans une ambiance de campagne �lectorale, et alors que les � cartes � de personnalit�s ont presque toutes �t� abattues, il est tentant d�utiliser l�Irak comme un pi�ge � terroristes et de pr�senter des bilans visibles.

Cette strat�gie repose sur l�id�e que le nombre de � bandits � est compt� et qu�il suffit de les d�celer et de les d�truire (search and destroy). Elle correspond � une philosophie lib�rale (et matin�e de protestantisme) selon laquelle on na�t bon ou mauvais avec un environnement qui favorise ou non l��closion du mal. Elle sous-estime en revanche la possibilit� que l�existence m�me d�une contre-guerrilla implacable (et s�rement maladroite) et la pr�sence d�un nouveau royaume franc en terre d�Islam puissent susciter sans cesse des vocations de martyrs.

Paradoxalement, l�exemple du Vi�t-nam va � l�appui de cette conception de Search and Destroy. En 1968-69, apr�s l��chec militaire de l�offensive communiste du T�t (mais victoire politique), la structure du Vi�t-cong fut bris�e et, � partir de ce moment-l�, les combattants ennemis furent presque toujours des r�guliers de l�arm�e du Nord-Vietnam. Il y a donc, enfouie dans la m�moire collective des officiers am�ricains (et notamment des g�n�raux qui, pour la plupart, ont �t� au Vi�t-nam), l�id�e qu�il aurait suffi de tenir � un quart d�heure de plus � pour l�emporter. Cette frustration, qui nie les r�alit�s politiques du moment, est similaire � celle des officiers fran�ais vainqueurs des fellaghas en 1960-61.

De nombreux officiers am�ricains seront tent�s d�engager une guerre sans merci contre le terrorisme en Irak, mais, pour d�truire le � poisson dans l�eau � cher aux mao�stes, il n�existe que deux solutions : p�cher l�animal ou contr�ler le bocal.

3- La bataille des c�urs et des esprits

Il est peu vraisemblable que l�arm�e am�ricaine mette en place une politique active pour s�attacher la population. En premier lieu parce que cela n�appara�t pas n�cessaire. L�opinion dominante est que la grande majorit� du peuple irakien est reconnaissante aux G.I.s de l�avoir d�barrass� d�une dictature ignoble et qu�elle le sera encore plus lorsqu�une macro-structure politique et �conomique stable sera en place. Ensuite, et surtout, parce que l�int�gration dans le milieu humain n�est pas dans la tradition militaire am�ricaine, dans laquelle n�existe aucun �quivalent de la culture � coloniale � des Troupes de Marine fran�aises (hormis chez les � B�rets Verts �). Les quelques exp�riences men�es dans ce sens au Vi�t-nam (en particulier chez les Marines, au Nord du pays) ont rapidement �t� abandonn�es. Ces m�thodes pouvaient difficilement faire l�objet de listes pr�cises de proc�dures, auxquelles les Am�ricains sont tr�s attach�s, et surtout elles consommaient beaucoup d�effectifs pour des r�sultats trop impalpables. Or, les grunts, les fantassins de base, qui sont les pions de base de l�int�gration dans le milieu humain, n�ont jamais �t� aussi rares dans une arm�e devenue une collection de sp�cialistes high-tech. Dernier point, les Am�ricains ne sont pas en Irak pour le peuple irakien, mais pour �carter une menace � l�encontre des �tats-Unis. Les bases militaires, o� l�on n�aura de cesse de r�cr�er le way of life du � Pays �, coexisteront en toute insouciance avec les masses mis�rables irakiennes. Cloisonnement assez proche, mais avec beaucoup plus d�amplitude de richesses (et d�aigreur), de celui qui existe entre les diff�rentes communaut�s aux �tats-Unis et qui d�bouche parfois sur des explosions (voir les �meutes de Los Angeles de 1992).

Parall�lement � quelques actions PsyOps tr�s superficielles, l�arm�e am�ricaine va rapidement chercher � � casser du terroriste � et se lancer dans du body count, avec des dizaines d�op�rations de nettoyage aux noms flamboyants. Avec les innombrables maladresses que ces op�rations vont provoquer (voir d�j� le meurtre accidentel de Mazen Dana, le cameraman de Reuters, ou la mort de plusieurs enfants) et la lassitude d�une population � laquelle elle ne s�int�resse pas, l�arm�e am�ricaine est destin�e � devenir un corps de plus en plus �tranger en Irak. Les diff�rentes communaut�s irakiennes, qu�on ne manquera de taxer d�ingrates, vont fournir de plus en plus le plus le terreau d�une gu�rilla aux allures d�Intifada. Lorsque les G.I.s et Marines seront syst�matiquement � caillass�s � par des nu�es d�enfants, le point de non-retour sera atteint.

4- La bataille des fronti�res

� moins d�un changement radical de politique, � l�occasion d�un changement d�administration ou d�un nouveau super-�v�nement du type � 11 septembre �, la poursuite de la lutte et son durcissement va entra�ner une fuite en avant. Les �checs internes seront excus�s par le soutien �tranger � la gu�rilla. Dans un premier temps, les fronti�res vont se couvrir de barrages �lectroniques, � l�instar de la ligne Mac Namara entre les deux Vi�t-Nam ou de la ligne de surveillance de la fronti�re mexicaine. Dans un deuxi�me temps, la tentation sera forte de frapper les sanctuaires � l��tranger, comme au Cambodge ou au Laos (1970-71). Ces actions peuvent �tre de simples frappes ou d�boucher sur des tentatives de renversement de r�gime ou m�me des invasions, avec sans doute la Syrie comme premier choix. � ce niveau, il est impossible de pr�dire les cons�quences d�un tel jeu de dominos. Rappelons simplement que sur les m�mes lieux, l�arm�e assyrienne, super-puissance militaire du IXe si�cle avant J.C., a �t� engag�e dans une fuite en avant durant laquelle elle a align� les victoires, mais n�a pas pu emp�cher l�effondrement de son empire.

5- Les auxiliaires

Le pourrissement de la situation sera �galement une forte incitation � demander l�aide de � suppl�tifs �. Les Am�ricains ont ainsi utilis� Sud-Cor�ens, Tha�landais et Australiens au Sud-Vi�t-nam. Le but est de remplacer des morts am�ricains par des morts �trangers (les auteurs militaires sont assez clairs l�-dessus), d��viter un engagement suppl�mentaire de troupes US et de se placer en deuxi�me �chelon ou de se concentrer sur les zones les plus sensibles. Le fait que ces auxiliaires puissent r�ussir mieux que les Am�ricains (Cor�ens et surtout Australiens au Vi�t-nam, ou Britanniques dans le Sud de l�Irak) importe peu. L�arm�e am�ricaine apprend peu des autres. Cet engagement alli� est �galement un moyen de � passer la main � aux Nations-Unies en cas de d�b�cle. Il restera de toute fa�on limit� tant que les Am�ricains voudront garder le contr�le de la situation et tant que celle-ci restera aussi dangereuse.

6- L� � Irakisation � du conflit

Une autre possibilit�, encore plus probable, est la cr�ation d�une arm�e auxiliaire irakienne. En quelques ann�es, les Am�ricains vont construire de toutes pi�ces une arm�e, avec l�espoir que celle-ci pourra prendre la lutte � son compte tout en assurant la protection du pays. L�arm�e am�ricaine pourra alors se retirer de ce qui est devenu un gu�pier, en laissant certainement l��quivalent d�une puissante division, comme en Cor�e.

Il est probable cependant que cette arm�e souffrira des m�mes tares que toutes les arm�es cr��es de toutes pi�ces ou soutenues � bout de bras par les Am�ricains (arm�e nationaliste chinoise, arm�e cor�enne, arm�e sud-vietnamienne).

En premier lieu, ces arm�es sont form�es sur le mod�le am�ricain, c�est-�-dire lourdement �quip�es. Outre le fait qu�il est difficile de cr�er une arm�e �trang�re qui soit tr�s diff�rente de la sienne, les Am�ricains ont toujours le souvenir des cinq arm�es qu�ils ont eux-m�mes form� avec succ�s sur leur sol (arm�es de l�Union et de la Conf�d�ration pendant la guerre de S�cession, corps exp�ditionnaire en Europe (1917-1918), arm�es de la Seconde Guerre mondiale et de la Cor�e). Ils oublient cependant que ces arm�es �taient compos�es de citoyens motiv�s et vivant dans une soci�t� moderne et riche. Les arm�es chinoises et vietnamiennes ont �t� incapables d�assimiler tout le mat�riel moderne dont elles �taient dot�es, et leur logistique �tait d�vor�e par la corruption (que l�on songe simplement � la diff�rence entre la valeur num�raire des pi�ces de rechange, vivres, munitions et le niveau de vie de ceux qui les manipulent). L�arm�e cor�enne s�en est sortie car elle a �t� �paul�e pendant la guerre et a pu se d�velopper en temps de paix, parall�lement � la soci�t�. Laiss�e � elle-m�me face aux communistes, elle se serait sans doute effondr�e. Il faut ajouter que de telles arm�es sont en perfusion permanente depuis les �tats-Unis. Un changement de politique am�ricaine peut alors entra�ner leur abandon et leur effondrement (Sud-Vi�t-Nam, 1975).

Il faut noter que l�arm�e am�ricaine, sauf de mani�re parcellaire en Cor�e, n�a jamais proc�d� par � fission � comme l�arm�e fran�aise en Indochine dont chaque bataillon comprenait une ou deux compagnies vietnamiennes, noyaux des unit�s de la future arm�e R�publicaine.

Cette nouvelle arm�e irakienne (o� de nombreux v�t�rans de l�ancien r�gime seront pr�sents) sera donc fragile. Elle pr�sentera des risques quant � sa fid�lit� au nouveau pouvoir (son corps d�officiers sera-t-il de la m�me communaut� que le gouvernement ? Ne sera-t-il pas tent� de pallier ses d�ficiences �ventuelles ?) et peut constituer le corps nourricier de la gu�rilla, comme en Chine. Pour avoir une arm�e irakienne efficace et un tant soit peu fiable, il faudra donc beaucoup de temps et une forte pr�sence militaire am�ricaine.

Gulliver est ligot� par les Lilliputiens

L�Histoire ne repasse pas les plats, c�est entendu, mais elle peut pr�senter les m�mes menus. Chaque situation historique, surtout � l��chelle d�un pays, r�unit trop de param�tres pour qu�il soit possible d�en pr�dire avec pr�cision les �volutions. En prenant comme hypoth�ses probables qu�une forte gu�rilla va continuer � harceler les forces am�ricaines en Irak et que celles-ci r�agiront comme elles l�ont toujours fait, on �limine deux inconnues. Dans ce contexte, un sc�nario militaire tr�s probable appara�t, celui du retour du body-count et d�un enlisement croissant de forces am�ricaines mal soutenues par des auxiliaires peu nombreux ou peu fiables. Dans ce qui sera un m�lange de Vi�t-nam et d�Intifida, il est difficile de pr�voir une autre issue que le retour piteux des boys au Pays. Cette pente naturelle ne peut �tre contredite que par l�action d�hommes �nergiques et imaginatifs, politiques et/ou militaires. Sur place, en Irak, les �tats-Unis ont plus besoin d�un Mac Arthur que d�un Westmoreland.


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